Approche biomécanique

Ce que nous savons

La scoliose idiopathique est une déformation principalement observée chez les humains. Elle est probablement la conséquence de plusieurs aspects anatomiques propres à l’espèce humaine.
En effet, au niveau de la colonne vertébrale, la courbure lordotique commence très bas, entre les os iliaques et le sacrum et se prolonge dans la zone lombaire.
Ainsi, le centre de gravité se situe juste au-dessus du bassin, ce qui nous permet d’effectuer une extension simultanée des genoux et des hanches, de maintenir une position verticale et, finalement, un regard horizontal.
La colonne vertébrale supporte très bien les charges antérieures et axiales mais chez l´être humain, elle est aussi sujette à des charges postérieures qui augmentent la rotation des corps vertébraux.
Chez un patient en croissance, cette diminution de la résistance aux forces axiales de la colonne peut produire une instabilité rotationnelle et participer à l´apparition d´une scoliose.

La scoliose idiopathique apparait pendant la croissance de la colonne.
Elle est le résultat d´une cascade de facteurs biomécaniques. Une fois que la colonne commence à tourner, le phénomène est en général irréversible. Il peut se stabiliser, ou au contraire progresser vers une déformation plus sévère.

Quelles sont les forces à l´origine de la déformation de la colonne vertébrale ?
Est-ce que la colonne est instable par nature ?
Sa stabilité pourrait-elle dépendre de l´intégrité de différents stabilisateurs ?Quel est le rôle des muscles ? Des ligaments ? Du disque intervertébral ? Quelles scolioses ont le risque le plus élevé de progression ?

À Utrecht, le professeur René Castelein et son équipe ont étudié en détail le rôle du disque intervertébral dans la progression de la scoliose. Ils ont établi que l´instabilité et la déformation ont majoritairement lieu dans le disque intervertébral et non au niveau des corps vertébraux comme supposé antérieurement.
Dans le même temps, à l’Institut de Biomécanique Humaine Georges Charpak, Paris, l’équipe du Pr Skalli et Claudio Vergari a travaillé sur un index de sévérité, une technique qui doit permettre, à partir d’une prise de radio spécifique, de pouvoir différencier la scoliose qui évoluera de façon sévère de celle qui ne nécessitera pas d’intervention chirurgicale.

À l’institut de Mécaniques des Fluides de Toulouse, le Pr Pascal Swider et le Dr Tristan Langlais partent de l’hypothèse que l´évolution de la scoliose idiopathique est un phénomène dynamique instable, qui, associé à un remodelage pathologique non homogène des tissus conduit à une divergence dans l’équilibre de la croissance. Ils travaillent donc sur la mise au point de deux modèles, avec pour objectif de déterminer quelles scolioses ont un risque élevé de progression :

  • Un modèle mécanique, via la modélisation des forces exercées sur la colonne.
  • Un modèle métabolique, via le processus de nutrition cellulaire du disque et la croissance tissulaire associée.

À l’Hospital for Special Surgery de New York, les Prs Roger Widmann et Howard Hillstrom utilisent la technique de topologie de surface pour étudier 196 patients scoliotiques avant et après la chirurgie. Les paramètres d´alignements vertébraux et de symétrie de la topographie de surface 3D sont précis et fiables. Ils permettent de distinguer les patients avec scoliose des enfants sains et affichent des corrélations claires des résultats chirurgicaux et de la sévérité des déséquilibres.

Au Centre Alpin de la Scoliose, au CHU de Grenoble, le Pr Aurélien Courvoisier et Olivier Daniel travaillent à l’identification des facteurs prédictifs d’aggravation de la scoliose idiopathique. Son étude combine le suivi clinique de 600 patients et une analyse des champs de déplacement et des transformations de la scoliose durant son évolution, afin d’extraire une identité évolutive de chaque scoliose.
Au Nuffield Orthopaedics Centre, Oxford, Royaume-Uni, l’équipe de Jeremy Fairbank mène un projet épidémiologique de grande envergure : les données de milliers de patients sont étudiées afin d’identifier l´incidence de scoliose et de déterminer des facteurs de risques.

La sélection des projets soutenus conjointement avec la Scoliosis Research Society permet d’ouvrir le champ des recherches. C’est ainsi le Pr Ying Li, du Michigan aux Etats-Unis se concentre sur l’étude à long terme des débris du titane chez les patients opérés. Le projet vise à répondre aux effets sur la minéralisation osseuse au niveau local et la possible accumulation de déchets dans le sang ou dans certains organes.

Les disques intervertébraux, sortes de petits amortisseurs, placés entre les vertèbres sont déformés, instables, fragiles et à l’origine de complications de la scoliose.
Il est possible de compenser ces anomalies par une bonne musculature du dos grâce à des exercices de renforcement musculaire spécifiques et des activités physiques et sportives. Il est possible de protéger les disques intervertébraux en adoptant de bonnes postures ergonomiques (au bureau, devant les écrans …) et en limitant les mauvaises positions lors du port de charges lourdes.

Les chercheurs et leurs travaux