Approche métabolique

Ce que nous savons

  • La scoliose touche en majorité les jeunes filles
  • Les patients atteints de scoliose présentent des altérations squelettiques (taille, pic de croissance plus précoce, asymétries…)
  • Les patients scoliotiques présentent généralement une composition corporelle différente, avec un indice de masse corporel plus bas, des altérations de la leptine (une hormone impliquée dans l´homéostase énergétique) et des altérations dans les voies métaboliques du calcium et de la minéralisation, telle l’ostéopénie.
  • On note des dysfonctions dans la voie de la calmoduline (qui régule les propriétés de contraction des cellules musculaires) et de la mélatonine.
  • L’importance de la puberté et de la ménopause. Ce sont des périodes pendant lesquelles le risque de décompensation ou d´aggravation de la scoliose augmente. L’estradiol serait impliqué.

Quel est le rôle de la vitamine D et du métabolisme osseux ?
Pourquoi la scoliose touche surtout des jeunes filles ?

La mélatonine est l’objet d’investigations depuis de nombreuses années. Le Pr Masafumi Machida, au Japon a été un des premiers à étudier les dysfonctionnements des voies de signalisation de la mélatonine. À Montréal, le Pr Alain Moreau s’est penché sur les voies de signalisation de la mélatonine dans la scoliose idiopathique et le rôle de l’ostéopontine. Ses résultats ont permis le développement d´une classification et d´identifier des patients à haut risque de progression de la scoliose.
À Montréal toujours, le Pr Florina Moldovan est partie du constat que la scoliose idiopathique de l’adolescent se manifeste majoritairement à la puberté et affecte les jeunes filles, à la fois en plus grand nombre et en sévérité. Elle étudie les ostéoblastes (c’est-à-dire les formes jeunes de la cellule osseuse) des patients et leur réaction à l’estradiol. Ses études montrent que l´estradiol induit une réaction spécifique chez les patients scoliotiques.
Au Museum National d’Histoire Naturelle, Paris, le Pr Hervé Tostivint et le Dr Guillaume Pezeron creusent le rôle des peptides de la famille de l’urotensine 2 dans les pathologies de l’axe vertébral.
L´équipe a déjà montré que les déformations sont présentes très tôt (à l´état larvaire), ce qui pourrait montrer que la voie moléculaire produirait une affectation congénitale plus qu´idiopathique. Ils étudient un modèle qui présente des altérations d´un neuropeptide de la famille de l’urotensine.
En Chine, au Drum Tower Hospital, Nankin, l’équipe du Pr Zhen Liu a constaté qu’un déséquilibre de l’éco-système bactérien de l’intestin provoque des perturbations dans le métabolisme de la vitamine D. Celui-ci entraînerait ainsi une perte osseuse qui contribuerait au déclenchement de la déformation. Une étude clinique et une étude sur modèle animal sont en cours.

Plusieurs équipes se sont intéressées à la qualité de l’os. Elles ont montré que pour un tiers des patients atteints de scoliose idiopathique, l’os vertébral était moins dense, plus déformable et plus sensible à la baisse de la vitamine D. Ces anomalies favorisent l’aggravation de la scoliose.
Pour limiter les conséquences de cette ostéopénie, la supplémentation en vitamine D associée à une alimentation équilibrée avec un apport suffisant en calcium et en protéines pour améliorer la qualité de l’os (minéralisation, remodelage osseux) et à une activité physique régulière si possible avec impact est recommandé.

Depuis 2018, la Fondation Cotrel milite pour la promotion de l’activité physique dans la scoliose idiopathique, en particulier au travers d’évènements annuels tels que les Scolimpiades. L’intérêt du sport et de l’activité physique dans le traitement intégral de la scoliose idiopathique s´est progressivement imposé.

Les activités physiques et sportives présentent de nombreux avantages, qui permettent de limiter les complications de la scoliose. En effet, elles améliorent

  • Les performances de la musculature, notamment de la colonne vertébrale indispensable dans la rééducation de la scoliose
  • La capacité respiratoire (habituellement limitée dans les scolioses graves),
  • Le contrôle de la posture, de la résistance des os (notamment des vertèbres), du schéma corporel et de la proprioception du tronc, des douleurs de dos, du retentissement psychologique des contraintes liées à la scoliose.

Contrairement aux idées reçues, les sports asymétriques de raquette n’augmentent pas le risque de présenter une scoliose idiopathique et ne sont donc pas contre-indiqués, même pratiqués en compétition. La natation n’est pas plus efficace que les autres sports et ne permet pas d’améliorer la masse osseuse. L’équitation n’aggrave pas la scoliose idiopathique : la position du cavalier est même une posture de référence, à l’origine de la forme de sièges ergonomiques.
Les activités physiques et sportives réduisent l’évolution de la scoliose idiopathique mineure et limitent donc le risque de devoir porter un corset ;
Elles améliorent l’efficacité du corset correcteur dans la scoliose idiopathique majeure.

Les chercheurs et leurs travaux