Présentation du sujet de recherche primé par le Professeur Dubousset
« Dans les années 60, Marie Jeanne Thillard, menait des recherches en endocrinologie pour explorer la fonction de la glande pinéale. Elle a effectué des pinéalectomies chez des poussins de 2 et 3 jours et a eu la surprise de constater que 70% de ces poussins développaient des scolioses. Ses résultats montrent un classement de scolioses « sévère, modéré ou absente ». ?
15 ans plus tard, ayant pris connaissance de cet article, j’ai contacté cette dame et examiné les spécimens qu’elle avait scrupuleusement conservés. ?Les squelettes des poussins scoliotiques présentaient tous des déformations tridimensionnelles comparables aux scolioses humaines. Certaines étaient à convexité droite et d’autres gauches.
J’ai pu comparer les spécimens des cerveaux de ces poussins et montrer qu’il y avait une corrélation entre la lésion cérébrale et le coté de la scoliose. J’ai alors demandé une bourse à l’Inserm pour reprendre cette expérimentation, elle m’a été refusée. Heureusement, durant mon année sabbatique aux Etats Unis, en 1987, j’ai pu reprendre cette expérience, trouver des résultats identiques à ceux de Marie-Jeanne Thillard et montrer que la scoliose ne survenait que lorsqu’une altération de la transmission entre cerveau droit et cerveau gauche existait (SIROT Montreal en 1988). ?De retour en France, j’ai rencontré le Dr Machida de Tokyo qui cherchait un sujet de travail pour son laboratoire. Nous avons décidé de travailler ensemble et de refaire ces expériences sur les poussins en supplémentant par la mélatonine (hormone secrétée par la pinéale) ce qui prévenait de l’apparition de la scoliose.
?Contrairement aux souris quadrupèdes, celles rendue bipèdes par l’amputation des 2 membres supérieurs et de la queue présentaient, par la pinélectomie, des scolioses… devenues inexistantes après l’injection de mélatonine !
Lorsqu’une race de souris génétiquement déficiente en mélatonine a été identifiée, les mêmes expériences – quadrupèdes et bipèdes – ont obtenu les mêmes résultats.
En y associant une étude du marquage cérébral des récepteurs de la mélatonine, nous avons pu identifier le rôle du noyau para-ventriculaire du Thalamus dans la pathogénie de la scoliose.
En conclusion, en posture debout ou assise, la scoliose semble bien avoir une origine siégeant dans le système nerveux central. ?